ARKUCHI en parle …
Flou artistique
Article d’Anne Huguet

« 100 % passionnée, autodidacte, NörKa est tombée un peu par hasard dans la photographie, après une première vie parisienne enrichissante à faire de la communication. En 2013, armée d’un vieux Canon et de quelques objectifs, elle se perd à Dublin et se découvre photographe. « J’ai compris que c’était une manière d’extérioriser ce que j’avais au fond de moi. En saisissant cet instant du déclic. Et ça ne m’a plus lâchée ! » Elle tisse donc sa toile, apprenant de ses erreurs et expérimentant inlassablement sur trois paramètres essentiels à ses yeux : le temps de pose, l’ouverture et la sensibilité ISO. Parce que NörKa a une obsession : le mouvement. Depuis toujours. « Je m’intéresse à l’individu en mouvement dans son environnement. J’essaie, explique-t-elle, de capter l’empreinte, la trace qu’une personne laisse sur son passage. » Et ses clichés s’en ressentent. Des silhouettes fantomatiques en train d’arpenter des espaces urbains aux tonalités lumineuses. Parfois, une ombre projetée ou diluée que l’on devine à peine. « Je fais un focus sur l’individu en mouvement. »

Elle travaille plusieurs séries à la fois, toutes reliées au mouvement, même si cela peut être large. « Dans l’immobilité, il y a du mouvement aussi ! » Ainsi la très belle série L’Individualité en Mouvement, où elle saisit, à la focale fixe, des instants, souvent flous, et des bouts de vie. Que chacun peut compléter avec son imagination, son humeur et sa sensibilité. Ce qui prime ? L’arrière-plan, le bon cadrage et finalement le hasard. Car rien n’est planifié, ni posé chez elle. Elle n’a aucun contact avec ses modèles qu’elle capture au feeling et « dans l’instantanéité » ; des images volées, somme toute, hors champs et hors du temps, qui « permettent d’imaginer un avant et un après ». L’oeil est aguerri, « je ne recadre jamais mes photos, comme si je savais d’avance ce que je voulais » ; la post-production très rapide, « raviver les couleurs mais de manière très instinctive dans une forme de non-contrôle » et toujours le mouvement accéléré, ralenti, décomposé…

L’important dans une photo ? « L’équilibre. Dans la lumière, les contrastes. Qu’elle résume une situation, une époque. En même temps, il faut réussir à saisir une espèce d’instant hors du temps où l’on se projette. » Sacrée gageure. Puis il y a la galerie au 35 rue Burdeau, hasard de la vie et passage de témoin incroyable par le couple Pallade, « comme une mission qui m’a été confiée » : autour d’une démarche artistique forte (le mouvement et des monographies), la galeriste donne à voir le travail d’artistes à la fois reconnus et émergents. On y a ainsi découvert les très beaux sténopés de Christian Poncet ou les oeuvres protéiformes du plasticien humaniste, Étienne Brulefert.

Enfin, elle collabore depuis 2016 avec Nikon sur le projet Je vois ma ville autrement, pour « apporter un regard différent, très coloré, avec des cadrages osés ». 50 villes par an, un reportage tous les 15 jours et quelque 200 photos par ville. « C’est très intense, mais cela nourrit mon travail artistique. Souvent je m’arrête, shoote quelques photos qui serviront à poursuivre et développer mes séries artistiques… Je fais ce que j’aime plus que tout : voyager et photographier »  […} Anne Huguet

Exposition monographique « L’Individualité en Mouvement » de NörKa
à la Galerie NörKa, du 13 Octobre au 18 Décembre 2021.
https://www.galerie-norka.com/portfolio-item/norka/